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Profil de marché du secteur de la santé en Algérie

Système de santé: L’augmentation de la part du budget de l’État consacrée au secteur de la santé, qui représente 5,2 % du PIB, a permis d’améliorer les indicateurs de santé de l’Algérie. Au cours de la dernière décennie, le gouvernement a consacré 28 milliards de dollars américains à ce poste budgétaire, dont 3 milliards pour l’année 2020, et la population continue de bénéficier d’un régime public gratuit de soins de santé et de sécurité sociale. Toutefois, comme d’autres pays à revenu intermédiaire, l’Algérie doit relever un certain nombre de défis, notamment des inégalités d’accès aux soins de santé croissantes ainsi que des vulnérabilités économiques et sociales grandissantes. Malgré qu’on y consacre des dépenses considérables, le système de santé publique souffre de lacunes dans la gestion et la qualité des services, de la désorganisation et de la lourdeur bureaucratique. La crise sanitaire a révélé des dysfonctionnements dans le système, ce qui a conduit le gouvernement à lancer diverses réformes pour moderniser le secteur.

Le système de santé est organisé autour du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, et il compte cinq Conseils régionaux de , cinq Observatoires régionaux de la santé, ainsi que 48 Directions de la santé et de la population (une par wilaya [département]) réparties dans le pays. L’Algérie compte 586 établissements publics de santé, dont 15 centres hospitaliers universitaires (CHU) et 83 établissements hospitaliers spécialisés (selon le ministère de la Santé).

L’Algérie vit actuellement une période de transition épidémiologique vers des maladies chroniques liées au mode de vie (comme le diabète, le cancer et l’hypertension) qui nécessitent un traitement plus complexe et coûteux que les maladies infectieuses qu’elles ont remplacées. La population, dont l’espérance de vie est passée à 76,5 ans, était de 44,7 millions d’habitants en janvier 2021 et devrait atteindre 50 millions d’ici 2030.

En 2018, le gouvernement a adopté une nouvelle loi sur la santé qui renforce le principe de la gratuité des soins dans la Constitution, modernise le cadre juridique du secteur et introduit une nouvelle dynamique dans celui-ci. La loi met en œuvre de nouvelles mesures, comme la promotion de la santé électronique et l’adoption des nouvelles technologies, notamment du dossier médical informatisé dans le système national.

Le gouvernement algérien a lancé à l’échelle nationale un ambitieux programme de construction de cinq CHU en partenariat avec des entreprises étrangères. Toutefois, les projets sont actuellement gelés en raison de la crise économique. En 2019, le gouvernement a construit 34 petits hôpitaux, et il prévoit lancer la construction de 26 autres et ainsi créer 27 000 nouveaux emplois dans le cadre du budget de 2021. Il continuera de rénover et de moderniser les 304 hôpitaux publics existants et d’acquérir de nouveaux équipements.

Le secteur privé investit dans les soins de santé pour faire face à une demande croissante et aux lacunes du secteur public. L’Algérie compte aujourd’hui 208 cliniques privées (par rapport à 53 en 1993) dans presque toutes les spécialités, ainsi que quatre à cinq nouvelles ouvertures par an, en plus des cabinets médicaux.

Marché pharmaceutique: Deuxième marché du continent africain après celui de l’Afrique du Sud, le marché pharmaceutique algérien a enregistré une croissance à deux chiffres (17 %) au cours de la dernière décennie pour s’établir à 4 milliards de dollars américains (selon une estimation du ministère algérien de l’Industrie pharmaceutique). En 2020, la facture des importations de produits pharmaceutiques s’est élevée à 2,14 milliards de dollars américains, dont 600 millions de dollars de médicaments pour le traitement du cancer et 400 millions de dollars d’insuline pour les diabétiques. Les importations algériennes de produits pharmaceutiques en provenance du Canada n’ont cessé d’augmenter : 4,4 millions en 2016, 11 millions en 2017 et plus de 13 millions en 2020 (en dollars américains, selon les douanes algériennes).

L’Algérie est un marché particulièrement attrayant pour les grands groupes pharmaceutiques internationaux qui ont établi des usines de fabrication de médicaments, et il est dominé par des entreprises françaises. Les principales entreprises comprennent Sanofi, Novo Nordisk, Pfizer, El Kendi, Hikma, GSK et des entreprises locales comme Groupe Saidal, Merinal et Biopharm.

Lors du remaniement ministériel de juin 2020, un nouveau ministère de l’Industrie pharmaceutique a été créé pour envoyer un signal fort visant à stimuler le secteur. Son rôle est de superviser les aspects de la réglementation qui régissent l’industrie pharmaceutique et le marché du matériel médical pour garantir l’accessibilité, la disponibilité, l’enregistrement, l’importation et le contrôle des prix des médicaments. La nouvelle Agence nationale du médicament sera renforcée pour simplifier et rationaliser le processus d’enregistrement. Par ailleurs, un nouveau ministre délégué chargé de la réforme hospitalière a été nommé pour accélérer le processus de réforme, notamment la numérisation des soins de santé.

Les politiques du gouvernement algérien visent à réduire progressivement les importations et à stimuler la production locale, notamment de médicaments génériques, pour atteindre le taux ambitieux de 70 % de fabrication locale d’ici 2022. Le gouvernement a commencé à interdire l’importation de certains médicaments qui sont aussi produits localement et à offrir des incitations fiscales. Au cours des cinq dernières années, la part de marché de la production locale de médicaments a quintuplé pour s’établir actuellement à environ 52 % (environ 2 milliards de dollars américains en 2018). Le pays compte 97 usines de fabrication de médicaments réparties dans 21 wilayas, dont 49 pour la région du centre, 36 pour l’Est et 12 pour l’Ouest (selon le ministère).

Dans le projet de loi de finances complémentaire de 2020, les industries pharmaceutiques sont qualifiées de « secteur stratégique » et restent par conséquent soumises à un plafond de 49 % de participation pour tout investisseur étranger au capital d’une société algérienne (règle dite du « 51 %-49 % »).

Un décret a été publié en avril 2021 ayant pour objet de fixer la liste des activités assujetties à cette règle. Cette liste comprend huit activités en lien avec le secteur pharmaceutique dont la production, le commerce de gros et l’homologation des médicaments & des dispositifs médicaux ainsi que les sociétés de recherche contractuelle (CRO). Toutefois, cette règle comporte une exemption pour les investissements liés à la fabrication de produits essentiels innovants et à forte valeur ajoutée qui nécessitent une technologie complexe et protégée, et qui sont destinés au marché local et à l’exportation.

Matériel médical: En 2018, les importations algériennes de matériel médical ont atteint environ 770 millions de dollars américains (selon les douanes algériennes), ce qui fait de l’Algérie l’un des cinq principaux importateurs du continent africain. Malgré la crise économique dans le pays, ce marché continue de croître et dépend à 90 % des importations, principalement en provenance des États-Unis (18 %), de la Chine (14,5 %), de l’Allemagne (12,5 %), de la France (11 %) et du Japon (10,5 %).

Ce marché dépend des appels d’offres publics lancés par la Pharmacie centrale des hôpitaux(PCH) pour répondre aux besoins des hôpitaux publics (environ 40 %) et du secteur privé pour l’approvisionnement des cliniques et les autres achats directs (environ 60 %). L’Algérie compte plus de 200 importateurs de matériel médical et plus de 10 000 pharmacies. La production locale de matériel est minime et concentrée sur des produits de faible technologie, mais elle émerge actuellement pour s’adapter aux nouvelles politiques gouvernementales qui visent à l’encourager. La production locale bénéficie ensuite d’une prime de 25 % sur le prix des produits locaux par rapport à ceux qui sont importés, et ce, dans tous les appels d’offres publics. Lorsque la production locale suffit à l’approvisionnement d’un produit, le gouvernement restreint, et parfois suspend, son importation. Afin de contribuer aux efforts du pays pour lutter contre la pandémie, deux entreprises privées de premier plan, Vital Care et Salem Diagnostics, ont lancé la production locale de tests de diagnostic rapide. Vital Care, qui produit déjà des bandelettes d’autosurveillance glycémique en Algérie, fabrique des tests semi-finis de diagnostic rapide de la COVID‑19 (IgG/IgM) avec un partenaire canadien qui a connu des succès dans ce marché.

Défis et possibilités du marché: Malgré les difficultés d’accès aux marchés, principalement dues à la bureaucratie du processus d’enregistrement, à la complexité du contexte de réglementation et aux risques liés au pays, le secteur de la santé de l’Algérie est considérable et en pleine croissance, et il continuera de créer de multiples possibilités de vente et d’investissement au cours des dix prochaines années. L’évolution démographique favorable et les projets d’infrastructure du secteur de la santé continueront de soutenir une demande croissante de traitements médicaux. La situation géographique stratégique de l’Algérie et les incitatifs gouvernementaux à l’intention des investisseurs appuieront l’ambitieux plan à long terme du pays de devenir une base d’exportation vers le marché africain.

Les entreprises qui réussissent sur le marché algérien adoptent une stratégie à long terme, consacrent du temps à développer leur marché et bâtissent des partenariats solides avec des intervenants locaux qui sont outillés pour naviguer dans la réglementation locale. Parmi les débouchés prometteurs pour les entreprises canadiennes, mentionnons le dispositif médical, la santé numérique, la télémédecine, les médicaments, les nutraceutiques, ainsi que la formation sur les services de santé et la formation médicale permanente. Par ailleurs, les domaines suivants présentent un intérêt pour les matériels médicaux : imagerie médicale, diagnostics in vitro, radiologie, chirurgie, orthopédie, prothèses, appareils respiratoires et rayons X, équipement de laboratoire et réactifs.

Principaux salons professionnels et sites Web utiles

SIPHAL (Salon international de la pharmacie en Algérie)
Salon international de l’industrie pharmaceutique
Alger – du 7 au 10 juillet 2021
https://siphaldz.com/

SIMEM (Salon international du mobilier hospitalier de l’équipement médical)
Salon international de l’équipement hospitalier et médical
Oran – du 7 au 10 avril 2021
http://www.simem.info/

Ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière
www.sante.gov.dz

Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH)
La PCH est une entité publique responsable de fournir aux hôpitaux des produits pharmaceutiques, ainsi que de l’équipement et du matériel médical. Ses clients et ses fournisseurs, qui appartiennent aux secteurs public et privé, procèdent par appels d’offres publics.
www.pch.dz

Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP)
L’UNOP est l’association algérienne de l’industrie pharmaceutique qui comprend des sociétés pharmaceutiques et de matériel médical locales et étrangères établies en Algérie (liste de personnes-ressources des membres de l’UNOP).
www.unop-dz.org

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