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La collaboration en recherche étend les assises internationales d’une entreprise

La création de technologies médicales peut s’avérer un processus complexe exigeant une série d’essais cliniques et des approbations réglementaires coûteuses et chronophages. Avec l’aide du Service des délégués commerciaux du Canada (SDC), l’entreprise BioMark Diagnostics Inc., de Vancouver, établit des liens et des partenariats de recherche à l’échelle mondiale dans le but de commercialiser sa technologie de nouvelle génération pour le diagnostic du cancer.

pupitre avec un microscope

Rashid Ahmed, fondateur et président-directeur général de la société ouverte, explique qu’il a fondé BioMark en 2006 en vue de créer des méthodes non invasives et hautement précises pour dépister de manière rentable le cancer à un stade précoce, au moment où il est possible de vaincre environ 90 % des types de cancer. BioMark travaille aussi à trouver des moyens de mesurer la réaction au traitement du cancer et de surveiller les signes de réapparition du cancer. Sa première nouvelle technologie, fondée sur la métabolomique, repose sur un médicament approuvé par le Secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques (FDA) qui sonde de façon sélective l’élévation du niveau d’un enzyme associé à certains cancers, notamment du poumon, du sein, de la prostate et du cerveau.

M. Ahmed affirme que le SDC et son programme CanExport Innovation (CXI) ont joué un « rôle déterminant dans le financement et le soutien de notre exploration des marchés américain et japonais, marchés importants pour les sociétés biopharmaceutiques ayant des aspirations mondiales et cherchant des collaborations de calibre international. »

Le programme CXI, anciennement appelé Visée mondiale en innovation, offre du financement aux innovateurs de petites et moyennes entreprises, d’établissements universitaires et de centres de recherche non gouvernementaux du Canada qui cherchent à établir avec des partenaires à l’étranger des ententes de collaboration en recherche et développement. Les innovateurs reçoivent jusqu’à 75 000 $ pour financer diverses dépenses liées à la création conjointe, à la validation et à l’adaptation de technologies, dans un but de commercialisation.

Rashid Ahmed
Rashid Ahmed, fondateur et président‑directeur général de BioMark Diagnostics Inc.

Selon M. Ahmed, « l’accès direct au personnel bien informé du SDC et la collaboration avec celui‑ci a permis à l’entreprise d’obtenir des renseignements recueillis localement, des coordonnées de personnes‑ressources, de la validation et des conseils de sensibilisation culturelle, soit toutes des ressources précieuses pour les petites et moyennes entreprises canadiennes ». Il souligne que c’est grâce au CXI et au SDC si BioMark a des assises solides à l’international; l’aide dont elle a profité lui a permis de propulser ses relations vers de nouveaux sommets. Elle prévoit d’ailleurs une collaboration approfondie et élargie avec ses partenaires actuels et futurs.

Présentement, son plus important partenariat est avec l’École de médecine de l’Université du Maryland, avec qui elle collabore depuis juin sur des études de validation de principe pour ses technologies. « Il s’agit d’une occasion en or et d’un jalon pour nous », dit M. Ahmed, en notant que l’Université a permis à l’entreprise d’accéder à des technologies propres à la recherche sur le cancer, à des organismes de réglementation et à d’autres organisations, comme le National Cancer Institute. L’Université fait aussi partie d’un vaste réseau de recherche, qui aidera BioMark, espère M. Ahmed, à développer ses activités, étendre sa portée et accroître sa notoriété.

L’entreprise compte trois employés, en plus de collaborateurs de partout au pays dans les domaines clinique, de la recherche et des technologies. Parmi ces collaborateurs, notons l’Université du Manitoba, qui a mis au point la technologie initiale pour laquelle BioMark a obtenu une licence, et l’Institut de recherche clinique de l’Hôpital Saint‑Boniface. De plus, l’entreprise travaille depuis quatre ans avec le Dr David Wishart du Metabolomics Innovation Centre de l’Université de l’Alberta et avec l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec de l’Université Laval dans le but de découvrir et de valider de nouveaux biomarqueurs pour la détection précoce du cancer du poumon.

Le soutien du SDC est essentiel pour les introductions

M. Ahmed est d’avis que le soutien du SDC était essentiel pour permettre à BioMark de s’établir dans le marché canadien ainsi qu’aux États‑Unis et au Japon, où le SDC a conféré de la crédibilité à l’entreprise. « On gagne vite le respect du marché quand le gouvernement canadien est sur place pour faire les présentations », dit‑il, en soulignant que le Canada ouvre la voie en métabolomique et dans d’autres domaines, comme l’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle.

BioMark a joui du soutien de toute une équipe du SDC, qui comprenait Cael Husband, délégué commercial pour le secteur des sciences de la vie du bureau régional du SDC à Vancouver, Karen Miller, déléguée du même secteur à Washington, et Katsuko Kuroiwa, responsable des sciences de la vie à Tokyo.

« S’associer à un délégué, c’est s’associer à l’ensemble du réseau », explique Mme Miller, qui œuvre dans le secteur depuis longtemps et qui y entretient une myriade de relations. Elle a elle‑même fait ses débuts comme chercheuse, puis a travaillé pour l’État du Maryland comme agente de la promotion commerciale responsable des sciences de la vie, avant de se joindre au SDC il y a près de neuf ans.

Elle indique que le secteur des sciences de la vie est particulièrement prospère à Washington et dans les environs, région qui se dit capitale des produits biomédicaux. Le secteur dans cette région repose sur le gouvernement fédéral, les établissements de recherche et les universités. Il y a, selon Mme Miller, plus de 2 000 entités spécialisées en sciences de la vie dans les États du centre du littoral de l’Atlantique, ce qui fait du secteur une des plus grandes grappes industrielles aux États‑Unis. « Le marché n’est pas saturé comme les autres, ce qui laisse de nombreuses possibilités aux nouveaux venus », ajoute Mme Miller.

Elle a rencontré M. Ahmed pour la première fois en 2011 au colloque qu’on connaît aujourd’hui comme la MedTech Conference, un des grands événements annuels où l’équipe du SDC donne un coup de pouce à ses clients canadiens. Mme Miller a mis BioMark en contact avec des relations clés dans la région et affirme que l’entreprise n’a pas tardé à mettre ces relations à profit.

M. Ahmed conseille aux entreprises comme la sienne de trouver des talents au Canada, de faire du réseautage et de créer un environnement ouvert à toutes sortes de disciplines, ce qui favorise la « pollinisation croisée » des idées. « On vit dans un monde multidimensionnel », fait‑il remarquer.

M. Ahmed note que BioMark est en voie de soumettre à Santé Canada, avec l’expertise en matière de réglementation de l’Institut de recherche clinique de l’Hôpital Saint‑Boniface, son premier test fondé sur un médicament approuvé par le FDA pour les cancers du poumon et du sein, qu’elle espère commercialiser d’ici 12 à 18 mois. L’entreprise prévoit exporter le test dans de grands marchés, comme le Bangladesh, où il pourra être adapté à la population locale. BioMark a aussi annoncé son intention de s’établir à Baltimore pour profiter d’un meilleur accès aux patients et de nouvelles applications cliniques.

Mme Miller indique qu’il peut être payant, après s’être bien informé, de s’installer dans une région américaine comme le Maryland. C’est un moyen pour les entreprises de collaborer plus étroitement avec leurs partenaires de recherche et d’être admissibles à des subventions et à des mesures incitatives réservées aux organisations établies dans la région.

Les entreprises canadiennes qui s’établissent dans la région, comme BioMark, doivent composer avec des risques et des défis propres au secteur, notamment le besoin de comprendre la réglementation et les conditions de réclamation d’assurance pour les produits thérapeutiques, l’équipement et les diagnostics, explique Mme Miller. Comme la région héberge le FDA, les Centers for Medicare & Medicaid Services ainsi que d’autres organismes de réglementation et organismes fédéraux, le SDC est « bien placé pour répondre à de telles préoccupations ».

En épaulant les entreprises du secteur des sciences de la vie et en augmentant la visibilité de leurs partenariats de recherche, on « les aide à commercialiser plus rapidement des technologies qui ont fait leurs preuves », dit Mme Miller. On gagne encore plus lorsqu’on les aide à trouver des partenariats, à mener des essais cliniques et à obtenir du financement pour d’autres recherches, ajoute‑t‑elle. « Notre objectif est d’améliorer la qualité des soins offerts et la qualité de vie dans notre société. »

La région mi‑atlantique fournit un solide écosystème entrepreneurial pour l’innovation dans les sciences de la vie

Karen Miller, déléguée commerciale pour le secteur des sciences de la vie à Washington, explique que la grappe industrielle du secteur dans les États du centre du littoral de l’Atlantique repose sur le gouvernement fédéral, surtout le Secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques (FDA) et les National Institutes of Health, ainsi que sur des établissements de recherche et des universités réputés, comme l’Université Johns-Hopkins. Le sous-secteur des services de santé numériques croît rapidement, grâce à l’expertise de longue date du Maryland dans le domaine du diagnostic et à la position solide de la Virginie du Nord dans les marchés des technologies de l’information et des communications. Quant à elle, l’entreprise Virginia Tech, dans la Virginie du Sud‑Ouest, met à contribution son expertise en bio-informatique et en génomique pour contribuer à l’essor de l’industrie. Par ailleurs, les thérapies cellulaire et génique occupent des places importantes dans la région, comme en témoigne le récent investissement de 17 millions de dollars du Maryland pour créer le Maryland Center for Cell Therapy Manufacturing, un partenariat entre l’État, l’Université Johns‑Hopkins et l’entreprise Cognate BioServices. Kite Pharma a aussi récemment commencé la construction d’une nouvelle usine de 20 acres au Maryland.

Le nouveau centre de vaccination GlaxoSmithKline (GSK) au Maryland, un des trois centres internationaux de l’entreprise, héberge 12 programmes de création de vaccins. Parmi ceux-ci, on compte des projets axés sur le vaccin expérimental de GSK contre le zona ainsi que des programmes de recherche et de développement pour le virus respiratoire syncytial, le streptocoque du groupe B, l’influenza et la dengue. Le centre comprend aussi un groupe dédié à l’intervention en cas de menace de pandémie. Grâce à la Biomedical Advanced Research and Development Authority (BARDA), à GSK, à Emergent, à AstraZeneca, à Novavax et aux entreprises dérivées de ces dernières, ­Mme Miller s’attend à ce que la création de vaccins et de produits thérapeutiques reprenne de la vigueur dans la région. « D’ailleurs, on accueille beaucoup d’entreprises à l’occasion du World Vaccine Congress, qui a lieu chaque année en avril », souligne‑t‑elle.

Parmi les autres grands acteurs de la région figurent Lonza, BD, Osiris, QIAGEN, DSM Nutritional Products, Mylan Pharmaceuticals, la Henry M. Jackson Foundation for the Advancement of Military Medicine, le National Cancer Institute et le Frederick National Laboratory for Cancer Research, l’hôpital universitaire George‑Washington, le Children’s National Health System, l’Inova Health System, le Kaiser Permanente Center for Total Health, l’Université de Virginie‑Occidentale, le University of Virginia Health System, Virginia Tech et le University of Maryland Medical Center. De plus, Randox Laboratories, une multinationale irlandaise spécialisée en chimie clinique et en diagnostics, s’apprête à ouvrir un nouveau centre de recherche et de développement en Virginie‑Occidentale.

Le National Institute of Standards & Technology et l’Université du Maryland, pour leur part, sont de précieux partenaires du National Institute for Innovation in Manufacturing Biopharmaceuticals (NIIMBL), qui est exploité par une équipe de quelque 150 intervenants, dont des entreprises, des établissements d’enseignement, des organismes sans but lucratif et des administrations d’États. L’objectif du NIIMBL est de renforcer les capacités de fabrication pharmaceutique aux États‑Unis.

« Beaucoup d’entreprises, d’hôpitaux et d’universités de la région sont en quête de nouvelles technologies; ce ne sont pas les possibilités de collaboration qui manquent en recherche et développement », note Mme Miller. « Des technologies novatrices sont lancées par les meilleures universités et leur parc scientifique, ce qui enrichit l’écosystème entrepreneurial. » Si la région n’est pas connue pour son apport en capitaux‑risque dans les sciences de la vie, New Enterprise Associates est toutefois à l’avant‑plan des investissements de capital-risque dans le secteur, et le Service des délégués commerciaux du Canada travaille en étroite collaboration avec la Mid‑Atlantic Venture Association pour maintenir ses relations avec les investisseurs dans la région. « Des payeurs comme CareFirst BlueCross BlueShield se sont également joints au monde de l’innovation, en investissant dans des technologies qui amélioreront les résultats et réduiront les coûts », ajoute‑t‑elle.

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