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Transcription de balado : Quand le jeu en vaut la chandelle

Bien que tous les secteurs commencent à ressentir les effets de la récession imminente, un secteur connaît encore une croissance.

Il s’agit du secteur des jeux. En dépit du ralentissement économique mondial, les ventes de jeux vidéo au Canada demeurent très bonnes et les ventes de jeux vidéo aux États-Unis se sont élevées à 21 milliards $ en 2008, soit une augmentation de 19 % par rapport à l’année précédente.

Il est donc peu surprenant que le Service des délégués commerciaux du Canada a fait des jeux électroniques l’un de ses secteurs prioritaires. Écoutez ce baladobulletin pour connaître l’opinion de deux délégués commerciaux au sujet de ce secteur et les règles de jeu permettant d’obtenir des contrats à l’étranger.

Ici Michael Mancini, rédacteur en chef de CanadExport. Inscrivez-vous sur le site de CanadExport. C’est gratuit et facile. Dites-nous également ce que vous pensez des baladobulletins et de quelle façon nous pourrions les améliorer. Si vous avez des idées de reportage, je vous invite à m’écrire à l’adresse suivante : canad.export@international.gc.ca.

Mais revenons à notre émission.

J’ai récemment discuté avec M. Neil Swain, délégué commercial au bureau régional de Montréal du Service des délégués commerciaux du Canada.

Michael Mancini : Neil, j'aimerais obtenir des commentaires des bureaux régionaux. De quelle façon aidez vous les entreprises canadiennes à se préparer à faire des affaires à l'étranger dans ce secteur?

Neil Swain : Je pense qu'un de mes rôles clef pour les compagnies des nouveaux média ou des jeux c'est de travailler avec les petites et moyennes compagnies pour s'assurer qu'elles sont préparées pour faire affaire à l'étranger. Très souvent les propriétaires, les gestionnaires dans les compagnies PME ont des capacités très fortes du côté technique, extrêmement très fort du côté créatif mais leur expérience et formation dans le domaine d'accroissement d'affaires à l'étranger pourraient être limitées.

Alors moi je voulais m'assurer que les compagnies sont prêtes pour faire affaire à l'étranger. Par exemple je veux m'assurer qu'elles ont parlé à tous leurs contacts clef au Canada. Ça veut dire que je veux m'assurer qu'elles ont parlé à leurs contacts avec les provinces, les associations provinciales mais aussi les délégués qui travaillent pour les provinces.

Aussi est ce qu'elles sont obligées à parler au Développement Économique Canada ou même Téléfilms Canada, est ce qu'elles sont à jour de leur programme. Je voulais m'assurer qu'ils sont à jour aussi avec nos activités à l'étranger. Est ce qu'il sait que le poste par exemple à Tokyo va travailler au Tokyo Games Show dans les prochains mois et par ça je peux les aider mieux préparer pour faire affaire à l'étranger.

Michael Mancini : Quelles sont à votre avis certaines des plus grandes difficultés que rencontreront les fabricants canadiens de jeux qui désirent pénétrer les marchés importants tels que le Japon, les États-Unis et l'Europe?

Neil Swain : Pour beaucoup de compagnies canadiennes elles ont des produits de classe mondiale et une main d'oeuvre créative qui est très forte. Mais une chose qui manque souvent dans leur présentation ou leur plan d'affaires pour avoir des partenariats à l'étranger, c'est qu'il manque une explication de leurs finances. Très souvent nous avons des compagnies à l'étranger qui veut savoir que les compagnies canadiennes avec lesquelles ils font affaires sont très stables, qu'elles ont assez de finances pour les prochaines années ou pendant le temps de leur entente, qu'elles ont assez de finances pour finir le projet. Alors ça c'est quelque chose qu'il faut expliquer dans leur présentation après avoir expliqué le produit.

Un autre défi pour les PME c'est de bien cibler les meilleurs contacts en particulier en Europe et Asie et surtout au Japon et en Chine. Par exemple une compagnie avec cinq employés puis des jeux incroyables des fois n'a pas assez de ressources pour aller à Shanghai pour trouver les contacts. Alors ça c'est quelque chose qu'on trouve. C'est vraiment un défi pour les compagnies, particulièrement les PME.

Michael Mancini : Et Neil, la technologie du jeu, sert elle seulement aux fabricants de jeux ou peut elle être utile à d'autres industries aussi?

Neil Swain : Je vois une croissance exponentielle dans le côté qui s'appelle la formation en ligne. À travers le Canada les technologies nouveaux média se chevauchent très bien avec le secteur éducation et le résultat c'est un secteur de formation en ligne très, très fort qui a un accroissement très fort. Canada est de plus en plus bien connu pour son côté modélisation et simulation.

Nous avons des compagnies comme CAE qui crée des simulations de plusieurs millions de dollars pour la formation des pilotes mais aussi une compagnie comme Virtual Marine Technology en Terre-Neuve qui a un simulateur de bateaux de sauvetage. Et aussi les compagnies plus petites comme Formation Virtuelle au Québec qui développe les solutions d'apprentissage pour par exemple des formations de sécurité, des instructions de sécurité.

Et par suite le Montréal va être le premier Congrès de Modélisation et Simulation qui s'appelle Modsim pendant le mois de juin de 2009. Un autre secteur qui relie des nouveaux média, c'est le secteur pour donner, de faire des produits d'effets spéciaux pour les films et la télévision. Nous avons une capacité très forte de ce côté là.

Michael Mancini : Enfin Neil, quel conseil donneriez vous aux entreprises canadiennes qui désirent profiter des débouchés qui existent dans ce domaine sur les marchés mondiaux?

Neil Swain : Le premier avis c'est de venir nous voir. Nous avons des bureaux à travers le Canada. J'explique à mes clients qu'on fait partie d'un réseau qui commence dans une ville au Canada mais ça finit dans une autre ville à l'autre côté du monde. Alors nous sommes le commencement d'un réseau qu'il peut utiliser.

Alors je trouve très utile ou les PME en particulier le trouvent très utile comme commencement pour voir, ok, je sais que je veux exporter à l'étranger, je sais que je veux travailler ou notre produit, nos services sont en demande dans quelques pays. Qu'est ce qu'il faut faire? Et c'est là on peut s'asseoir et on commence un dialogue pour trouver les fonds et pour trouver vos besoins et aussi pour, comme j'ai déjà expliqué, pour vous mettre en contact avec les meilleures personnes au Canada qui peuvent vous aider.

Michael Mancini : Neil, merci beaucoup pour cet entretien.

Neil Swain : Merci à vous. Ça me fait plaisir.

Alors maintenant voyons le point de vue d’une mission étrangère. J’ai également parlé avec M. Stéphane Beaulieu, un délégué commercial canadien qui était responsable du secteur des jeux électroniques au Japon.

Michael Mancini : Merci beaucoup de m'accorder cette entrevue Stéphane.

Stéphane Beaulieu : Ça fait plaisir.

Michael Mancini : Pourquoi le secteur du jeu est il considéré prioritaire en ce moment par le service des Délégués commerciaux du Canada?

Stéphane Beaulieu : Le secteur du jeu a en fait été identifié comme priorité parce qu'au Canada on a beaucoup de compagnies et on a une capacité dans ce secteur là qui fait que c'est logique en fait de l'avoir comme priorité. On a beaucoup de compagnies dont on peut faire la promotion.

C'est aussi une industrie qui repose sur la connaissance, sur la propriété intellectuelle. Alors ça ne va pas être influencée par le prix des ressources naturelles par exemple. C'est aussi un secteur que les gouvernements des provinces ont identifié comme un secteur prioritaire. Donc pour le gouvernement du Canada c'est un secteur qu'on peut développer, qu'on peut promouvoir en collaboration, en partenariat avec les provinces.

Donc ça rend le secteur un secteur assez intéressant à promouvoir. Ce n'est pas un exercice à sens unique. C'est vraiment multilatéral dans ce sens. C'est une industrie qui économiquement parlant est très importante pour le Canada parce qu'il y a beaucoup de compagnies dans ce secteur là. Il y a 450 compagnies qui s'identifient comme faisant partie de l'industrie du jeu.

Si on ajoute à ça toutes les compagnies qui sont liées aux multimédia, on se retrouve dans les chiffres de 3 000 compagnies qui emploient plus de 50 000 personnes. Donc on voit qu'il y a vraiment un poids économique important. Le Canada a beaucoup progressé dans ce secteur d'ailleurs dans les dernières années. On est maintenant classé troisième au monde comme pays où on développe des jeux vidéo.

Comme je pense que c'est un fait qui est assez connu maintenant, c'est l'industrie du divertissement qui a dépassé l'industrie du cinéma dans les dernières années. Donc c'est une industrie très importante.

Michael Mancini : Stéphane, quels sont les principaux débouchés pour les sociétés canadiennes dans ce secteur?

Stéphane Beaulieu : Géographiquement on parle surtout des États Unis qui est le plus grand marché sans aucun doute qui est suivi par l'Europe, notamment la France, l'Angleterre et l'Allemagne. Puis pas loin derrière et en croissance dernièrement le Japon et par extension aussi la Chine et puis l'Inde qui sont des marchés avec beaucoup de potentiel.

Au niveau sectoriel il y a des opportunités assez spécifiques aussi dans tout ce qui est contrat de développement. Le développement de A à Z, et puis aussi dans tout ce qui est expertise, donc savoir faire et tout ce qui est intergiciel et les outils aussi de développement ainsi que tous les services qui sont reliés au développement. C'est à dire la production sonore, l'art conceptuel et aussi le testing et la localisation.

Michael Mancini : Dans quelle mesure est-ce difficile pour les sociétés canadiennes de se tailler une place sur le marché international étant donné notamment que ce secteur est dominé par quelques grandes multinationales?

Stéphane Beaulieu : En fait c'est un secteur où c'est relativement facile pour une PME qui possède une technologie vraiment niche, vraiment spécifique, vraiment sophistiquée d'entrer dans la chaîne de production des grosses multinationales.

L'industrie est portée à bouger vers plus de travail de sous contrats. C'est-à-dire que les compagnies réalisent qu'au lieu de monter une équipe de 30 personnes qui va développer un logiciel pour faire une certaine fonction très spécifique dans le jeu, ils réalisent que c'est beaucoup plus facile d'aller chercher cette expertise là dans des PME qui ont des équipes qui sont en place depuis des années, qui développent un produit depuis des années et qui peuvent leur produit aux besoins de la compagnie.

Pour les grandes compagnies ça leur sauve des millions de dollars en fait. Mettre des équipes en place coûte vraiment très cher. Donc il y a vraiment de bonnes opportunités pour les compagnies canadiennes qui ont des produits comme tels à vendre ou des services. C'est la même chose pour les artistes qui font de l'art conceptuel et ça prend de grandes équipes pour créer des paysages, pour créer des éléments visuels du jeu que ces compagnies d'édition n'ont pas nécessairement envie de monter des équipes.

Au niveau de la coordination c'est compliqué; au niveau même des ressources humaines. Au lieu d'avoir à monter de telles équipes on va rechercher des compagnies qui ont ces connaissances là et qui font ce travail là à temps plein qui ont l'expertise recherchée par la compagnie. Cette réalisation se passe de plus en plus et donc il y a vraiment de la place dans les chaînes de production des grandes compagnies pour les petites compagnies canadiennes.

Maintenant ce qui est important à se rappeler c'est qu'on ne peut pas seulement aller cogner à la porte des grandes compagnies et dire oui, j'offre ce genre de service. Il faut développer un réseau. Il faut établir une relation de confiance. C'est un processus qui prend un certain temps et donc les compagnies doivent être conscientes qu'il est important de passer autant de temps à promouvoir la compagnie qu'à développer de bons produits ou de bons services.

Michael Mancini : Parlons de la façon dont les délégués commerciaux de l'ensemble du Canada et du monde entier aident les sociétés canadiennes dans ce secteur. Vous avez travaillé à l'Ambassade du Canada à Tokyo et l'un des secteurs que vous avez appris à connaître sur tous les plans c'est celui du jeux. À l'heure actuelle on pourrait soutenir que le Japon est, comme vous l'avez dit la Mecque des jeux, et je sais que vous avez déployés des efforts importants pour aider les sociétés à y prospérer. Expliquez le type d'aide que vous avez offert.

Stéphane Beaulieu : L'aide qu'on offre aux compagnies canadiennes en fait c'est une aide qui se veut un peu culturelle. On aide les compagnies canadiennes à comprendre que la relation n'est pas seulement basée sur les affaires mais c'est une relation qui est basée aussi sur le long terme. Il faut vraiment construire ça en pensant au long terme et à maintenir cette relation.

Ce qui fait que quand une compagnie canadienne se présentait à Tokyo, arrivait à Tokyo, j'étais en mesure d'organiser des séminaires pour cette compagnie. J'étais en mesure d'appeler tous mes contacts que j'avais développés pendant plusieurs mois, pendant plusieurs années et leur dire, j'ai une compagnie canadienne qui a un produit X et qui je pense vous intéresser.

La majorité des compagnies évidemment veulent augmenter leur productivité et les solutions canadiennes souvent leur permettent d'augmenter cette productivité. Sauf qu'il faut que le produit soit présenter et si on ne connaît personne dans une compagnie, qu'on leur dit venez voir ce que j'ai à offrir, si on ne sait pas qui est la compagnie, d'où vient la compagnie on sera pas intéressé.

Alors que s'il y a une relation qui existe déjà avec quelqu'un de confiance qu'on connaît bien vous dit viens voir, je pense qu'il y a une certaine valeur, les compagnies japonaises vont avoir tendance à envoyer quelqu'un parce qu'ils sont intéressés. Tout le monde est intéressé à trouver des solutions pour leur permettre de faire des meilleurs jeux. Ce n'est pas très compliqué mais il faut se donner la peine de construire ce réseau là.

Pour une compagnie canadienne qui voudrais construire un réseau comme ça, il faut avoir quelqu'un sur place au Japon. Donc nous, le Service des Délégués commerciaux, on fait ça pour les compagnies canadiennes. Non seulement ça. On organise aussi des foires commerciales. C'est à dire qu'on va avoir un Pavillon du Canada par exemple au Tokyo Game Show qui est un incontournable du secteur du jeu. C'est le plus gros, la plus grosse foire commerciale au monde dans le secteur des jeux.

Puis ensuite on a des super bons événements au Canada aussi. On a le Montréal International Game Summit, le Sommet international du jeu de Montréal et puis on a aussi Vidfest qui est à Vancouver. Donc moi ce que je faisais, c'est que je faisais la promotion de ces événements là aussi. J'ai amené d'ailleurs une mission d'une vingtaine de représentants de compagnies de jeu japonaises au Montréal International Game Summit qui sont venus voir ce qu'on avait à offrir à Montréal, qui ont rencontré les compagnies canadiennes.

Donc évidemment les compagnies canadiennes sont toutes à ces événements là. Voilà, la relation devient encore plus solide. Ce faisant on vient de sauver des millions de dollars aux compagnies qui auraient dû se présenter au Japon à répétition pour obtenir le même effet.

Michael Mancini : Quel conseil donneriez vous aux sociétés canadiennes dans le secteur?

Stéphane Beaulieu : En fait je conseillerais aux compagnies non seulement de focaliser leurs efforts sur la qualité de leur produit. Bien sûr c'est très important mais aussi sur l'aspect affaires. C'est à dire qu'il faudrait que les compagnies canadiennes soient très proactives, qu'ils sortent plus dans les événements et qu'ils aient confiance en eux. Ils operent dans un environnement d'affaires qui est exceptionnel au Canada et ils ont la possibilité grâce à ça de livrer leur produit sans encombre et les compagnies étrangères savent qu'ils peuvent se fier aux compagnies canadiennes pour livrer la marchandise.

De plus le dollar canadien permet aux compagnies canadiennes d'être très, très compétitives et les compagnies devraient se servir de ça comme argument et aller de façon très, très positive. De ne pas se vendre à rabais. On a un bon produit à offrir. On a une bonne expertise qui est très réputée partout dans le monde et on devrait être confiant qu'on est des leaders mondiaux et qu'on a un produit à offrir que plusieurs sont prêts à acheter. Donc mon conseil c'est qu'il faut y aller.

Michael Mancini : Stéphane, merci de nous avoir accordé cette entretien.

Stéphane Beaulieu : Ça fait plaisir.

Eh bien, voilà qui met fin à ce baladobulletin de CanadExport.

Consultez le site du Service des délégués commerciaux du Canada. Vous y trouverez des liens utiles vers des sites Web consacrés au secteur des jeux.

Vous pouvez également visionner l’entrevue avec M. Stéphane Beaulieu sur le site du Service des délégués commerciaux du Canada. De plus, en utilisant les mots clés « délégué commercial » sur youtube.com, vous trouverez d’autres vidéos portant sur le Service des délégués commerciaux du Canada.

Ici Michael Mancini, qui vous dit au revoir.

Pour télécharger d’autres balados, allez à www.canadexport.gc.ca ou sur iTunes en utilisant le mot-clé « CanadExport ».

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