Transcription de balado : L'Inde figure-t-elle sur votre chaîne de valeur?
Hôte : Michael Mancini
Aujourd'hui nous explorerons l'Inde et examinerons sa position dans la chaîne de valeur mondiale. Je suis Michael Mancini, rédacteur en chef de CanadExport, le magazine que le gouvernement du Canada destine aux entrepreneurs désireux de faire concurrence, de former des partenariats et de prospérer sur le marché mondial. Le magazine se trouve sur le site CanadExport.
L'Inde n'est pas seulement un important marché pour les exportations canadiennes. Elle a fait un bond remarquable sur la chaîne de valeur et les entreprises du monde entier cherchent à tirer parti des nouvelles occasions d'affaires qu'elle présente. Nous nous entretiendrons dans cet émission balado avec Sigma Systems, entreprise canadienne qui s'est tourné vers l'Inde pour produire des produits destinés au marché nord-américain. Nous discuterons avec le dirigeant d'une multinationale indienne dont les conseils seront précieux pour les entrepreneurs canadiens et nous parlerons également avec notre délégué commercial principal à New Delhi, qui nous expliquera comment faire affaire dans ce pays que beaucoup considère comme un maillon central de la chaîne de valeurs mondiales.
Sigma Systems est une société torontoise de haute technologie qui a elle-même ouvert des bureaux satellites en Inde. Tim Spencer, co-fondateur, président et directeur de l'exploitation de Sigma Systems s'est rendu compte que l'Inde présentait beaucoup d'avantages pour qui fait bien les choses. Merci de vous joindre à nous Tim.
Tim Spencer : Bonjour Michael, merci de m'avoir invité.
Michael Mancini : Tim, pourquoi avoir choisi l'Inde?
Tim Spencer : Pour nous l'Inde était un choix évident. Nous avons vécu la mise sur pied d'une opération outre-mer et la disponibilité de la main-d'œuvre et la qualité technique, l'infrastructure ajoutée qu'il y a eu là-bas depuis 2000 et l'avantage du coût en travaillant en Inde, c'étaient tous des facteurs importants.
Michael Mancini : Et pourquoi avez-vous choisi de vous y installer plutôt que de confier vos activités à une tierce partie?
Tim Spencer : Si on investi en Inde pendant une longue période, c'est beaucoup plus efficace par rapport aux coûts de le faire ainsi, et je trouve que ça assure un plus grand contrôle sur les ressources. On est pas en concurrence avec d'autres compagnies pour obtenir et maintenir de meilleures ressources et on est pas dans une relation de vendeur aux clients. On est tous membres d'une même équipe, ce qui change le niveau de loyauté, de fierté, d'engagement si on fait partie d'une équipe plus grande plutôt que d'être vendeur. Et, une autre question - la propriété intellectuelle ; je ne peux pas dire le nombre de compagnies qui sont venues à nous qui cherchaient à offrir les compétences premières. La première chose qu'ils ont dit c'est qu'ils travaillaient avec tous mes compétiteurs. C'est pas attrayant pour moi enfin — une chose qui ne m'attire point. Moi j'ai peur que cette propriété intellectuelle que je développe dans leur entreprise s'en aille chez mon compétiteur.
Michael Mancini : On peut facilement comprendre que votre présence profite énormément à l'Inde. Mais quel avantage en ont tiré vos exploitations canadiennes?
Tim Spencer : Je crois qu'il y a trois choses surtout. D'abord, nous avons un modèle de couverture plus large, donc un soutien au sein de notre organisme qui nous permet de donner de l'appui 24 heures à nos clients. Le coût est une chose évidente et nous ne nous pourrions pas d'être concurrentiel dans notre espace sans avoir cet espace de ressources que nous avons en main. Et l'autre chose, la disponibilité des ressources pendant les périodes de préparation rapide. Il y a des ressources beaucoup plus profondes de disponibles dans le marché indien pour faire ça, notamment à Bangalore aussi. Et donc lorsque j'ai émis une demande d'ajouter 30 ou 40 personnes, ils peuvent le faire beaucoup plus rapidement que je ne pourrais le faire ici au Canada.
Michael Mancini : Quelles difficultés avez-vous dû affronter pour vous établir de l'autre côté du globe. À quels obstacles vous êtes vous heurté?
Tim Spencer : Bien, la distance représente toujours un défi dans le décalage horaire, l'établissement des réunions à des heures qui conviennent à tout l'monde. Il faut être plus formel dans la communication et dans les processus. Il faut avoir des processus beaucoup plus formels pour assurer qu'il y ait de la communication entre les organismes. Mais il y a beaucoup d'enjeux régionaux et locaux qu'il faut comprendre. On a avancé tranquillement, on a développé une équipe d'une trentaine de personnes au départ et on leur a donné un mandat. On a utilisé cela comme modèle pour vérifier notre capacité de fonctionner dans un développement à distance ou outre-mer et on développé sur une certaine période et nous avons bien plus de 200 personnes là-bas maintenant. Mais cette croissance est venue par étape, comme nous avons démontré notre succès à nous-mêmes.
Michael Mancini : Alors, d'après votre expérience, quels conseils pourriez-vous donner aux entreprises canadiennes désireuses de prendre de l'expansion en Inde?
Tim Spencer : Je pense qu'il faut procéder lentement. Il faut engager les gens sur le terrain. On ne peut pas simplement prendre quelqu'un du Canada puis les parachuter là et s'attendre que ça marche. J'ai vu ça à multiples reprises. Il faut se concentrer sur le processus et chercher à aligner les organismes. Il faut aussi développer une culture, bâtir une culture au sein des deux organismes en Inde et au Canada. Il faut qu'il y ait une sensibilité par rapport aux différences horaires et il faut collaborer et travailler un peu plus tôt, un peu plus tard afin d'accommoder cette différence.
Michael Mancini : Je vous remercie Tim pour cet entretien.
Tim Spencer : Merci Michael, c'est un grand plaisir.
Michael Mancini : C'était Tim Spencer, cofondateur, président et directeur de l'exploitation de Sigma Systems à Toronto.
Certes, les courants commerciaux vont dans les deux sens. Les entreprises canadiennes s'implantent en Inde pour assurer leur expansion. Mais l'Inde s'approvisionne aussi à l'étranger. Je me suis entretenu plus tôt avec Patti Rao, chef du bureau canadien de la multi nationale indienne Infosys. Il m'est vite paru évident que le fruit de l'expérience de cette société au Canada pourrait bien intéressé toute entreprise canadienne cherchant à rélocaliser ses activités. J'en ai profité pour lui demander de quelle façon les entreprises canadiennes pouvaient le mieux se préparer au marché indien. Merci de vous joindre à nous Paddy.
Paddy Rao : Merci bien. Merci de m'avoir offert cette occasion.
Michael Mancini : Que doivent garder à l'esprit les entreprises désireuses de prendre de l'expansion à l'échelle internationale. Autrement dit, quelles sont les préoccupations communes à toutes les entreprises du monde?
Paddy Rao : Depuis que nous avons mis sur pied une entreprise mondiale, nous avons reconnu qu'il y a deux ou trois choses d'importance primordiale pour nos clients sur le plan mondial en général et au Canada en particulier comme nous discutons le Canada. D'abord les droits de la propriété intellectuelle. Nous avons un système juridique bien robuste dans l'entreprise et en pays aussi qui protège les droits de la propriété intellectuelle d'un individu partout au monde. Ça c'est une assurance que nous offrons. Parfois nous sommes considérés un risque par certaines entreprises, mas il n'y a pas plus de risques à notre avis. De même, il y a des éléments de sécurité de protection des données, données qui sont cruciales pour l'avantage compétitif de nos clients. Nous sommes paranoïdes maintenant en protégeant ces choses pour nos clients.
Michael Mancini : À quoi attribuez-vous essentiellement le succès de votre implantation au Canada?
Paddy Rao : Lorsque nous avons mis sur pied notre entreprise, nous nous sommes dit que nous avions une perspective mondiale au départ. Et donc, nous reconnaissons qu'il y aura une différence. Ainsi nous nous formons pour avoir cette perspective pour accepter ces différences et commencer à travailler.
Michael Mancini : Quels mythes les canadiens nourrissent-ils à l'égard de l'Inde?
Il y a des fausses idées populaires que les gens ont parfois en Amérique du Nord et en Europe concernant les possibilités de faire affaires et de faire davantage de sous-traitance en général et en Inde en particulier. Ce que l'on voit parfois à la télévision, ce sont certains problèmes avec les routes et les systèmes de transport, mais aussi il s'agit de la disparition de ces différences causée par le temps et la distance à cause de la technologie, c.-à-d. l'internet, notamment, et donc ces problèmes d'infrastructure dont les gens parlent n'ont absolument aucune pertinence pour les sortes de partenariat, de sous-traitance que le Canada et l'Inde pourraient entreprendre.
Michael Mancini : Quels types d'employés peuvent recruter les entreprises canadiennes qui s'implantent en Inde et comment notre bassin de talent se compare-t-il à celui de l'Inde?
Paddy Rao : Récemment il y a eu un article où on a dit qu'il était beaucoup plus facile d'entrer à Harvard que d'entrer dans les meilleures écoles en Inde. C'est tellement compétitif en Inde aujourd'hui. Donc il n'y a pas de problème du tout à attirer le meilleur talent. En fin toute la conversation en Amérique du Nord aujourd'hui que j'entends ces dernières années c'est que nous devons faire du rattrapage, rattraper l'Inde. C'est la conversation ici. Donc, je dirais à tous nos clients et aux petites et moyennes entreprises de ne pas se préoccuper du tout du calibre technique ou intellectuel des gens venant de l'Inde parce que, franchement, l'Inde est chef de file. Ça nous montre le chemin. Une grande qualité au Canada c'est qu'il y a un bassin de talent exceptionnel aussi. Nous avons eu le bonheur d'avoir recruter des gens d'excellentes universités comme Waterloo, Toronto, McGill et Queen's et les gens se sont très bien intégrés à nous et c'est vraiment intéressant de travailler avec ces gens. Les gouvernements locaux - le gouvernement de l'Ontario avec lequel je travaille - ainsi qu'avec celui de la Nouvelle-Écosse, c'est vraiment motivant, c'est intéressant. On peut avoir différentes idées de ce que c'est un gouvernement. Les gens sont très amicaux, très proactifs. C'était excellent pour moi de traiter avec les gouvernements d'ici.
Michael Mancini : Les entreprises canadiennes sont-elles en train de passer à côté de la plaque. Devraient-elles participer davantage à l'économie mondiale?
Paddy Rao : Si vous permettez, je vais souligner un des pionniers, je dirais qu'il fait du travail de pionnier à l'école de commerce Rothman à l'Université de Toronto, le professeur Roger Martin, le doyen de cette école. Il a écrit un article très intéressant. On l'a cité dans le New York Times. Il disait qu'avec l'économie riche en taxes et avec des surplus budgétaires riches en ressources, il est grand temps que les entreprises canadiennes se réveillent, qu'on prenne une position légitime dans l'économie mondiale sur laquelle elle peut miser. Et donc, je dirais que toutes les entreprises, petites et grandes au Canada, doivent reconnaitre qu'elles ont une excellente occasion ainsi que le droit de s'établir en tant que leader dans l'économie mondiale et devraient y faire face.
Michael Mancini : Ainsi il ne s'agit pas uniquement d'externaliser la production de marchandises pour épargner de l'argent.
Paddy Rao : C'est pas une question de sous-traitance, mais de partenariat mondiaux qui est un thème commun chez moi. Nous en parlons constamment. Il s'agit pas uniquement d'établir un atelier en Inde pour le marché indien, mais il s'agit de créer des partenariats, des fois avec des entités comme Infosys aussi pour miser sur le bassin de talent mondial ainsi que le marché mondial. Une chose sur laquelle on insiste c'est que si on veut un marché mondial on est mieux d'établir du talent à cette même échelle. Donc moi je suggère et je leur conseille de comprendre leur position légitime dans cette grande économie canadienne au monde et il faut vraiment assumer sa place.
Michael Mancini : Je vous remercie Paddy pour cet entretien.
Paddy Rao : Merci beaucoup. Merci pour cette occasion.
Michael Mancini : M. Paddy Rao est directeur du bureau canadien d'Infosys.
Jusqu'ici dans notre émission nous avons appris que l'Inde offre beaucoup de possibilités aux entreprises canadiennes. Mais nous avons aussi compris certains des problèmes et obstacles qui risquent de s'opposer aux entreprises canadiennes. Pour en venir à bout nous pouvons demander de l'aide du Service des délégués commerciaux du Canada. J'ai au bout du fil M. David McKinnon, notre délégué commercial principal à New Delhi. Merci de vous joindre à nous David.
David McKinnon : Bonjour Michael.
Michael Mancini : David, l'un des plus grands défis que devait relever Steve Spencer de Stigma consistait à recruter des personnes compétentes en Inde, surtout des professionnels qui possèdent une vingtaine d'années d'expérience. Est-il difficile de recruter des personnes compétentes en Inde?
David McKinnon : Sans doute avec la croissance économique ici c'est de plus en plus de la compétition pour les ressources humaines qualifiées est de plus en plus intense. Et c'est important pour les compagnies canadiennes de comprendre que les ressources humaines compétentes en Inde ne sont pas infinies. Il faut payer des salaires raisonnables afin d'obtenir de la qualité. En même temps c'est toujours possible de trouver beaucoup de gens qualifiés ici. Mais aussi c'est probablement important de considérer les endroits hors des grandes villes comme Mumbai, Delhi et Bangalore. On peut explorer les endroits différents comme Pune et Chandigarh Enfin Chandigarh qui n'est pas loin de Delhi a été nommé récemment comme la destination la plus attrayante pour l'investissement dans le domaine de la technologie et de l'information.
Michael Mancini : Tim a également parlé de la possibilité d'exploiter soi-même son entreprise, plutôt que de confier cette tâche à une tierce partie et Paddy l'a encouragé dans cette voie. Quels éléments les entrepreneurs canadiens devraient-ils prendre en compte pour choisir la meilleure façon de s'implanter à l'étranger.
David McKinnon : C'est important de dire c'est que la propriété intellectuelle n'est pas un problème aigu en Inde, mais on doit faire preuve de bon sens dans ce domaine-là. Pour moi la vraie question est : est-ce que le service qu'on veut faire en Inde est au cœur de la compagnie, au cœur de la compétence de la compagnie. Si on veut faire quelque chose au centre des compétences d'une compagnie c'est probablement assez important d'avoir sa propre présence ici. Mais si on veut faire quelque chose ici qui est de compétence interne, mais qui n'est pas au cœur des compétences de la compagnie, on peut certainement casser les règles et engager une compagnie indienne pour le faire ici.
Michael Mancini : Paddy Rao raconté comme il avait été facile pour lui de travailler avec les autorités provinciales et fédérales du Canada. Comment les entreprises canadiennes devraient-elles s'y prendre pour établir des rapports harmonieux avec les autorités indiennes?
David McKinnon : Certainement depuis le commencement des réformes économiques depuis les années 90, l'économie indienne devient de plus en plus libre. Néanmoins, particulièrement dans une démocratie très robuste comme la démocratie en Inde où il y a beaucoup d'intérêts différents, souvent le secteur publique prend beaucoup de temps pour faire des décisions, particulièrement par exemple comme le Canada. En même temps souvent les compagnies canadiennes sont surprises par le fait que le secteur privé en Inde fait les décisions très, très vite, particulièrement avec l'Amérique du Nord et même les décisions très majeures sont faites très rapidement.
Michael Mancini : Comment le Service des délégués commerciaux du Canada peut-il aider les entreprises canadiennes à éviter le plus possible les obstacles juridiques en Inde?
David McKinnon : Ah, ça c'est une bonne question. Le Service de délégués commerciaux peut jouer un rôle de conseiller et aussi pour faire des représentations auprès des autorités gouvernementales en Inde pour les compagnies canadiennes. Et aussi des représentants forts, des représentations locales et … pour une compagnie canadienne en Inde. Et aussi c'est très à propos pour une compagnie canadienne de comprendre bien le marché ici et les opportunités dans le marché. Certainement il y a un système de droit commun bien établi ici et pour les compagnies canadiennes c'est un système plus ou moins familier. Mais souvent la question de droit ici est un peu différente qu'au Canada. C'est important de bien vérifier les références, de faire la prudence nécessaire quand on est entrain de développer une relation d'affaire ici. Le Service des délégués commerciaux ont des bonnes listes de noms des conseillers juridiques ici à Delhi et dans les autres villes en Inde qui sont très expérimentés dans le domaine international. Souvent en Amérique du Nord nous pouvons utiliser les avocats pour commencer les négociations et en Inde, normalement les négociations commencent avec le développement des relations personnelles et aussi une compréhension mutuelle entre les parties différentes et, après, seulement après ça, on utilise les avocats pour signer les contrats et les choses comme ça. C'est très important pour une compagnie canadienne d'investir dans les relations personnelles. Mais après ça c'est assez important d'avoir un avocat très capable.
Michael Mancini : Qu'est-ce qui surprend le plus les entrepreneurs canadiens qui décident de s'implanter en Inde?
David McKinnon : C'est le fait qu'il y a des barrières culturelles très, très importantes. C'est important de comprendre et accepter ces barrières et c'est un pays avec beaucoup de cultures et de langues. Malgré le fait que l'anglais est parlé, particulièrement parmi la communauté des affaires, c'est important de comprendre que l'anglais n'est pas la langue la plus utilisée ici, L'autre ici, l'Inde est un mélange curieux entre le formel et l'informel et c'est un système où le statut social est très, très important, mais en même temps souvent les gens très séniors dans le gouvernement ou dans le secteur privé sont très informels, très ouverts.
Michael Mancini : Merci beaucoup David d'avoir prit le temps de répondre à mes questions aujourd'hui.
David McKinnon : Merci
Michael Mancini : Je m'entretenais avec M. David McKinnon, délégué commercial principal au Haut-commissariat du Canada à New Delhi.
Eh bien c'est déjà tout pour ce numéro de CanadExport. Je tiens à remercier mes invités de nous avoir éclairé sur la façon de faire des affaires en Inde. N'hésitez pas à vous rendre sur le site CanadExport pour vous abonner à notre magazine bi mensuel CanadExport. Vous pouvez aussi visiter le site du Service des délégués commerciaux pour mieux comprendre les avantages de consulter le Service des délégués commerciaux du Canada.
Ici Michael Mancini. Branchez-vous à notre prochain balado bulletin d'octobre.
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