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La République Dominicaine : Rapport économique 2021

Contexte

L'économie de la République Dominicaine (RD) a maintenu une forte croissance jusqu'en 2019, dépassant celle de ses pairs d'Amérique Latine et des Caraïbes, et avec une croissance annuelle moyenne de 5%> au cours des 5 années précédentes. En 2019, le PIB du pays était de 88,9 milliards de dollars US, soutenu principalement par les secteurs de la manufacture (13,8%), la construction (12%), le commerce (10,1%) et l'hôtellerie (7,4%). En mars 2020, en raison de la pandémie de COVID19, le gouvernement de la RD a été contraint de fermer toutes les activités économiques du pays, à l'exception de quelques entreprises considérées comme essentielles. La fermeture complète a duré jusqu'à la fin mai, le gouvernement ayant enclenché une réouverture partielle par phases, qui a permis le redémarrage de la plupart des entreprises 2 mois plus tard.

En 2020, le PIB s'est contracté de 6,7%, terminant l'année à 78,8 milliards de dollars. Les secteurs comme l'hôtellerie (-47,5%), les mines (-12,7%) et la construction (-10,7%) ont été les plus durement touchés, tandis que la santé (12,5%), les services financiers (7,1%) et l'activité immobilière (3,8%) ont connu les gains les plus importants. Le tourisme, qui est l'un des principaux générateurs de devises étrangères, a généré 4 milliards de dollars de revenus de moins qu'en 2019. D'autre part, malgré la baisse de l'activité minière, du fait de l’accroissement du prix de l’or, la contribution de Barrick Pueblo Viejo en taxes et redevances aux caisses de la RD a été le double de ce qu'elle était en 2019, atteignant 385 M$ US en faisant du même coup de ce secteur, l'un des principaux contributeurs durant la période critique de la pandémie. 

Ce montant incluait un paiement anticipé de la redevance pour l'année 2021 estimé à 47 millions de dollars (demandé par le gouvernement de la RD). Pueblo Viejo a également accepté d'avancer en 2021 le paiement des redevances pour les années 2022 et 2023, estimé à 95 millions de dollars, pour soutenir la mission gouvernementale de résoudre la crise sanitaire et économique causée par la Covid-19. Malgré la contribution de Barrick durant cette période de pandémie, il y a eu une opposition sociale croissante à leur projet d'expansion et une augmentation sensible du rejet de l’exploitation minière en République Dominicaine.

La pandémie de COVID19 a entraîné une baisse de 3,7% des revenus du gouvernement de la RD en 2020. Cette baisse a été partiellement compensée par une augmentation d'autres éléments, tels que les envois de fonds des familles, autre source de revenus majeure pour le pays, qui a augmenté de 16% jusqu’à 8,2 milliards de dollars américains. En outre, et malgré l'arrêt de l'économie et ses effets sur le tourisme, la RD a reçu 2,55 milliards de dollars américains d'investissements directs étrangers en 2020, un chiffre légèrement supérieur à celui de 2018. Les secteurs du tourisme, de l'immobilier et de l'énergie ont représenté 70% de ces investissements.

Avant la pandémie, la dette publique de la République Dominicaine avait augmenté régulièrement jusqu'en 2019, date à laquelle elle a atteint 47,6 milliards de dollars américains, représentant 52,2% du PIB. L'arrêt de l'économie en mars 2020, combiné à une forte augmentation des dépenses pour financer les programmes d’atténuation de l’impact socio-économique de la COVID19, a déclenché l’amplification du système d’endettement.

Données clés201820192020
PIB (milliards USD)81.388.978.8
PIB par habitant (USD en PPA)17,49118,50617,294
Croissance réelle du PIB (%)7.05.0-6.7
Inflation (IPC %)1.23.75.6
Taux de change (USD – période de fin moyenne)50.2152.9158.32
Taux de change (CAD – période de fin moyenne)38.1338.6042.16
Solde du compte courant (M$ US)-1,322-1,188-1,541
Solde budgétaire/PIB (%)-2.2-2.2-7.9
Réserves internationales (M$US)7,7188,87110,845

Sources: EIU

L'administration Abinader – un an après.

Après avoir pris ses fonctions en août 2020, le président élu Luis Abinader n'a eu d'autre choix que de poursuivre le modèle d'endettement du gouvernement précédent, et le pays a clôturé 2020 avec une dette publique de 58,9 milliards de dollars, soit 71,3 % du PIB.  Ce schéma se poursuit en 2021, année pour laquelle le gouvernement a budgétisé 9,98 milliards de dollars de dette nouvelle. Cependant, afin d'atténuer le risque de volatilité de la dette publique, le gouvernement a annoncé qu'il s'employait à modifier le profil de la dette, en rachetant des dettes à taux d'intérêt élevé et des dettes en USD avec des fonds provenant de nouvelles dettes à faible taux d'intérêt en pesos dominicains.

Au cours des 14 mois écoulés depuis l’arrêt de l’activité économique en raison de la COVID19 (y compris 7 mois pré-Abinader), le gouvernement de la RD a investi environ 3,2 milliards de dollars américains dans ses programmes socio-économiques pour atténuer l'impact de la pandémie. Étant donné que de nombreux secteurs de l'économie fonctionnent presque normalement depuis de nombreux mois, certains de ces programmes ont déjà été progressivement supprimés et d'autres ont vu leur portée limitée.

Alors que l'économie de la RD se redresse, 85 % des emplois perdus pendant la pandémie ont été retrouvés. Dans le secteur du Tourisme, ce chiffre atteint 97 % des emplois directs et indirects. Cependant, le Ministère du Travail admet qu'il reste quelque 200 000 emplois à restaurer dans le secteur privé.

Malgré les limitations économiques auxquelles le gouvernement Abinader a été confronté, le gouvernement a présenté un programme ambitieux d'infrastructure et de projets de développement, principalement basé sur des prêts et des partenariats public-privé. Ce programme est principalement axé sur l'eau, l'énergie, les transports et le tourisme. En septembre 2020, le président Abinader a rendu opérationnelle la Direction générale des partenariats public-privé (DGAPP), qui a été créée avec la loi sur les PPP approuvée plus tôt cette même année, par l'ancien gouvernement. Le gouvernement prévoit de développer de nombreux projets importants sous le format PPP à travers la DGAPP.

Énergie : l'administration Abinader a entamé une réforme complète du secteur de l'énergie, qui comprend l'élimination de l'ancien holding énergétique du gouvernement, CDEEE, et l'intégration de nombreuses agences gouvernementales au Ministère de l'Énergie et des Mines. Une fois terminée, cette réforme devrait apporter des gains d'efficacité, des réductions de coûts et plus de transparence pour le secteur. D'autre part, le gouvernement encourage les investissements privés dans les énergies renouvelables et la production de gaz naturel. Les entreprises du Canada, des États-Unis, de l'UE et d'Asie manifestent beaucoup d'intérêt pour les énergies renouvelables. Cependant, les lignes de transport d'énergie dans le pays (détenues et gérées par ETED - une agence gouvernementale) sont saturées, sans indication de quand elles seront réaménagées pour que de nouveaux projets énergétiques puissent s'interconnecter avec le système. D'ici là, les nouveaux développements de projets d'énergies renouvelables sont en attente.

Eau : Depuis son entrée en fonction en août 2020, le président Abinader a fait de l'eau l'une des priorités de son gouvernement. En juin 2021, le président a présenté au Conseil Social et Économique (CES) l'Engagement national pour la loi sur l'eau (2021 -2036), une proposition ambitieuse pour un programme d'approvisionnement en eau de 8,5 milliards de dollars américains sur 15 ans qui concernerait notamment, l'approvisionnement en eau, le traitement de l’eau, la protection des ressources en eau. Il comprendrait la construction de 17 barrages de différentes tailles, dont 8 démarreraient dans le terme actuel (2020-2024). Cette proposition n'est que le début d'un long cycle et devrait passer par différentes couches d'approbation par différentes entités avant de devenir un projet réalisable. Plusieurs entreprises canadiennes ont manifesté leur intérêt pour des projets liés à l'eau au cours des 2 dernières années et suivront de près les développements liés à l'eau en RD.

Le gouvernement s'efforce de présenter prochainement une réforme fiscale intégrale. Bien que la réforme soit en préparation et en attente depuis plusieurs années, les gouvernements précédents ont hésité à la mettre en œuvre en raison de l'impact qu'elle pourrait avoir dans la population. Selon le président Abinader, la réforme à venir serait fortement axée sur la réduction et/ou la suppression d'un grand nombre d'exonérations fiscales, qui sont considérées comme favorisant principalement les grandes entreprises et affaiblissant l'efficacité de la structure fiscale locale. La réforme devrait être mise en œuvre début 2022.

La République Dominicaine a reçu 2,55 milliards de dollars américains d'investissements étrangers en 2020, selon la Banque Centrale dominicaine, ce qui ne représente qu'une baisse de 16% par rapport au montant reçu en 2019.

Investissement direct étranger et commerce

Les statistiques de la Banque Centrale dominicaine jusqu'en 2020 montrent que le Canada est le 2e plus important investisseur étranger de tous les temps dans le pays avec des investissements cumulatifs totaux de plus de 6 milliards de dollars américains, suivant de près les États-Unis. Les investissements canadiens sont principalement concentrés dans l'exploitation minière, les services financiers, la fabrication, le tourisme, les énergies renouvelables et l'agriculture.

Une grande partie de l'investissement canadien peut être attribuée à un projet minier de Barrick Gold Corp/ Newmont, Pueblo Viejo, qui est le plus important investissement étranger en République Dominicaine. L'annonce par Barrick Gold au premier trimestre de 2019 d'une expansion de 1,2 milliard de dollars de son exploitation actuelle est depuis lors suspendue, principalement en raison de l'opposition de la société civile.

Malgré les progrès réalisés ces dernières années, la RD reste un marché difficile pour les nouveaux investisseurs étrangers. Les retards excessifs dus à la paperasserie bureaucratique et à un degré élevé de procédure bureaucratique sont des facteurs qui doivent être soigneusement examinés par les investisseurs.

La législation des affaires a progressé en République Dominicaine, avec des améliorations significatives en matière de fiscalité, de travail, de procédures douanières, de supervision bancaire, entre autres. Cependant, des améliorations restent à venir dans l'application systématique de la primauté du droit et la réduction du pouvoir discrétionnaire appliqué aux décisions affectant les entreprises privées. Il est recommandé aux compagnies canadiennes qui souhaitent entrer sur le marché de la République Dominicaine qu’elle s’entoure des meilleurs conseils légaux avant de formaliser un partenariat avec une contrepartie locale, qu'elle soit privée ou publique.

La RD a exporté pour 10,3 milliards de dollars américains de marchandises en 2020, contre 11,2 milliards de dollars américains en 2019. Les exportations d'or de Barrick Gold ont atteint 1,6 milliard de dollars américains en 2020, conservant ainsi son statut d'exportation clé. Les importations ont également diminué en 2020, terminant l'année à 17 milliards de dollars américains.

Principales exportations canadiennes vers la RD : Le Canada a exporté pour 252,9 M$ CA de marchandises vers la RD en 2020. Les principales exportations du Canada étaient : le blé, le hareng fumé, l'acier et le papier. En ce qui concerne les services, le Canada a une forte présence dans le secteur financier, ainsi que dans le tourisme et les services-conseils.

Principales importations canadiennes en provenance de la RD : Les importations canadiennes en provenance de la République dominicaine étaient de 671,6 M$ CA en 2020. Cette valeur élevée est attribuable à l'or importé du projet Barrick Gold/Newmont en République Dominicaine, qui totalisait 430 M$ CA. Les autres importations clés étaient l'argent, les fournitures médicales, les composants électriques et électroniques et le poisson vivant.

Accords commerciaux et activité commerciale du Canada avec la République dominicaine

Adhésion à des accords commerciaux et à d'autres accords multilatéraux : La République Dominicaine est signataire du DR-CAFTA, l'Accord de libre-échange entre les États-Unis, 4 pays d'Amérique centrale et la République Dominicaine. DR-CAFTA est entré dans sa 12e année, offrant des tarifs en franchise de droits ou préférentiels à de nombreux produits des pays membres. La République Dominicaine a également un accord de partenariat économique (APE) avec l'UE depuis 2008. L'APE a créé de meilleures conditions d'accès au marché de l'UE pour les produits dominicains. Le Canada n'a pas d'ALE avec la République Dominicaine, ce qui crée des problèmes de compétitivité pour les exportateurs canadiens soumis à des tarifs élevés dans certains domaines.

La République Dominicaine est membre de nombreuses institutions multilatérales, notamment : l'OMC, l'OMD, l'AEC, la CEPALC, le G-77, la BID, le FMI, l'OEA, l'ONU et le Marché commun d'Amérique centrale, entre autres. En outre, la République Dominicaine a conclu des accords aériens bilatéraux avec plus de 70 pays dans le monde.

Le 30 avril 2018, la RD a annoncé l'établissement de relations diplomatiques avec la Chine, tout en rompant une relation de longue date et très coopérative avec Taïwan. L'annonce, bien qu'initialement accueillie avec optimisme par le monde des affaires, ne s'est pas nécessairement traduite par une augmentation de l'activité économique entre les 2 pays. La Chine est la deuxième source d'importations en RD avec plus de 2 G$ US par an, mais les exportations dominicaines vers la Chine sont limitées. Suite à cette annonce, la République Dominicaine et la Chine ont signé plusieurs accords bilatéraux.

Jusqu'en 2019, le tourisme canadien en République Dominicaine avait maintenu sa croissance constante, atteignant 892 000 Canadiens visitant le pays cette année-là. Cependant, avec la fermeture en mars 2020 en raison de la pandémie de COVID19, ce chiffre chute à 337 000 en 2020. Le tourisme génère une activité économique importante en RD, qui profite directement aux fournisseurs locaux de plusieurs produits et services. L'investissement canadien dans le secteur du tourisme a également augmenté, avec des investissements dans les centres de villégiature, les voyagistes, les entreprises hôtelières et les petits restaurants.

Sources : Ambassade du Canada en République Dominicaine, EIU, Strategis, Statistique Canada, Banque centrale dominicaine

 

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