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Une entreprise transforme les déchets d’une usine de papier en source d’énergie

Au fin fond de la province du Shandong, dans le nord-est de la Chine, une entreprise de pâtes et papiers fait un apprentissage pratique des avantages associés aux solutions technologiques propres du Canada.

L’entreprise Quadrogen Power Systems Inc. de Vancouver, en Colombie-Britannique, a récemment mis sur pied une installation de valorisation du biogaz à l’usine Sun Paper, à l’extérieur de la ville de Jining, afin de transformer en gaz naturel renouvelable le méthane dégagé par les boues activées de l’usine. Celle-ci peut maintenant assurer une partie de ses opérations internes en se servant du carburant produit, alors qu’elle devait auparavant faire livrer par camion à son emplacement éloigné du carburant en provenance d’autres villes. Les économies réalisées devraient permettre de couvrir le coût de l’équipement de valorisation du biogaz, soit 500 000 $, en 12 à 18 mois seulement.

Compte tenu de ces chiffres convaincants (et des avantages découlant de la transformation de produits résiduaires, qui seraient autrement une source potentielle de gaz à effet de serre, en énergie utile et neutre en carbone), dès que la première usine de valorisation du biogaz de Quadrogen a ouvert ses portes en octobre 2017, la petite entreprise canadienne a décroché un contrat pour l’aménagement d’une seconde usine du genre, capable de traiter encore plus de méthane produit par l’usine de pâtes et papiers Sun Paper.

« L’analyse de rentabilité de cette technologie est très convaincante », déclare Nelson Chan, vice-président du développement des affaires pour Quadrogen, qui vend ses produits et services en Chine par l’entremise d’une société partenaire appelée Beijing Golden Green Environmental Engineering & Technical Co. Ltd. « Nous réduisons leurs coûts d’exploitation tout en rendant le monde plus écologique… Nous fermons la boucle. »

Quadrogen a élaboré des stratégies pour pénétrer le marché chinois et l’entreprise a rencontré Golden Green et Sun Paper avec l’aide du Service des délégués commerciaux du Canada (SDC) en Chine et au Canada. M. Chan est en effet reconnaissant envers le SDC, qui a aidé son entreprise à s’établir en Chine. Cette initiative devrait, selon lui, se traduire par une augmentation de son chiffre d’affaires dans ce pays et sur d’autres marchés étrangers dans un avenir rapproché.

« Le SDC nous a énormément aidés, déclare M. Chan. Quadrogen est une jeune entreprise qui possède une technologie nouvelle et en pleine croissance dans un marché complexe […] Nous apprenons au fur et à mesure, mais il est utile d’avoir un guide. »

C’est en 2007 que cette entreprise privée a démarré : elle s’occupait essentiellement de nettoyer les biogaz et d’éliminer les contaminants du méthane extrait des déchets biologiques dans des sites d’enfouissement, des usines de traitement de l’eau et des digesteurs agricoles. Les matières épurées entrent dans diverses applications des piles à combustible pour alimenter des endroits comme les centres de données. La valorisation du biogaz va plus loin : on extrait le gaz carbonique, l’oxygène et l’azote pour produire du gaz naturel renouvelable — une substance très profitable qui peut être utilisée directement dans une installation ou même injectée dans un pipeline de distribution de gaz naturel.

« C’est fantastique », dit M. Chan, d’autant plus qu’il y a dans le monde une multitude de sources inexploitées de déchets biologiques qui peuvent adopter l’équipement de valorisation de Quadrogen. La Chine a un potentiel énorme, mais l’entreprise devait d’abord se lancer sur le terrain, trouver un partenaire et explorer le marché.

En 2016, le SDC, qui fait partie d’Affaires mondiales Canada (AMC), a aidé Quadrogen à « établir les bons contacts » dans tout le pays, déclare M. Chan. L’entreprise a obtenu du financement par l’entremise du programme CanExport d’AMC, qui supporte une partie des coûts engagés par les petites et moyennes entreprises (PME) pour étudier les possibilités d’affaires sur de nouveaux marchés. Grâce à l’aide apportée par les délégués commerciaux, Quadrogen a rencontré des partenaires et des clients potentiels et a acquis des connaissances sur des questions telles que la réglementation, les normes et les spécifications techniques pertinentes en Chine, ainsi que sur divers facteurs comme la culture d’entreprise et la façon dont les accords sont formulés dans ce pays.

« En Asie, il ne suffit pas d’un appel téléphonique, explique M. Chan. Pour bâtir la confiance avec un client, il faut s’investir. Il faut des rencontres en personne. Et c’est particulièrement vrai dans un secteur industriel émergent, comme les technologies propres, où la participation du SDC aux discussions et aux négociations donne une légitimité et une crédibilité importantes. Sans le SDC, il est difficile de parler à la haute direction. Je peux frapper à la porte, mais on ne m’ouvrira pas. Il faut connaître les bonnes personnes. »

Fiona Hawkshaw, déléguée commerciale responsable de la technologie propre au bureau régional du SDC à Vancouver et auparavant à Guangzhou, en Chine, où elle occupait le même poste au sein du SDC, a traité avec Quadrogen dans les deux pays. Elle affirme que l’entreprise « a fait les changements qu’il fallait » dans le secteur et sur le marché chinois. Elle ajoute que M. Chan a multiplié ses voyages en Chine, notamment en participant à une mission commerciale dirigée par la ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, et à une série de réunions, en compagnie de délégués commerciaux.

« On ne peut pas faire de progrès sur le marché chinois sans aller sur place — et y aller souvent », affirme Mme Hawkshaw, qui souligne aussi l’importance particulière pour les petites entreprises canadiennes d’adopter une approche stratégique et respectueuse. « Les Chinois ne veulent surtout pas perdre la face, explique-t-elle, et ils veulent montrer leur meilleur côté », ce qui est particulièrement crucial dans le secteur des technologies propres parce que la Chine, comme chacun le sait, est aux prises avec de graves problèmes environnementaux qu’elle doit régler.

« Si à votre arrivée à une réunion, vous déclarez “Vous avez un problème, et je veux le régler”, vous créez un malaise, dit-elle. Les Chinois savent qu’ils ont des problèmes, ils ne veulent pas les ébruiter et ils ne veulent pas que les autres les ébruitent. »

Stacy Xiao, une déléguée commerciale qui s’occupe du secteur des technologies propres et de l’environnement à Beijing, affirme que la Chine a fait des technologies propres un domaine prioritaire.

« Le succès de Quadrogen montre bien l’importance d’avoir un partenaire local pour aider à décrocher des projets », affirme Mme Xiao. Selon elle, la première étape que devraient suivre les PME canadiennes consiste à établir une collaboration avec un partenaire chinois afin de faire de la recherche-développement conjointe. « Le gouvernement chinois est de plus en plus intéressé par la coopération technologique », ajoute-t-elle.

Mme Hawkshaw indique qu’une préoccupation pour les entreprises canadiennes du secteur des technologies propres est qu’elles peuvent être perçues comme étant trop petites pour régler les problèmes à grande échelle auxquels la Chine est confrontée. En présentant le Canada comme un chef de file dans ses propres dossiers de remise en état, par exemple dans des domaines comme les sables bitumineux, en faisant preuve d’humilité et en montrant que nous avons fait nos preuves dans le domaine des technologies « on peut aller loin », dit-elle.

La taille pourrait être un problème majeur pour des entreprises comme Quadrogen, qui n’a que 30 employés. « Vous disposez peut-être d’une excellente technologie, mais en raison d’une main-d’œuvre insuffisante, il se peut que l’entreprise ne soit pas jugée à la hauteur de la situation en Chine pour honorer un contrat. » Il est important que Quadrogen ait maintenant un premier projet réussi à Sun Paper pour démontrer de quoi elle est capable.

La société a fait preuve d’intelligence en « essayant de ne pas être partout » dans ce vaste pays, en concentrant ses efforts sur des régions précises et en « approfondissant des applications particulières » où sa technologie pourrait être considérée comme étant extrêmement efficace, explique Mme Hawkshaw, qui ajoute qu’« en Chine, on peut assister à un redressement très rapide » lorsque les choses vont bien. M. Chan s’est rendu en Chine pour la toute première fois au printemps 2016. En 2017, la technologie de son entreprise était déjà en place dans une grande entreprise chinoise.

M. Chan participe à un programme pilote de mentorat entre pairs que le bureau régional du SDC à Vancouver a lancé pour les entrepreneurs du secteur des technologies propres qui souhaitent faire des affaires en Chine. Le groupe se réunit chaque trimestre pour discuter de préoccupations communes et partager des expériences et des connaissances sur des sujets tels que l’utilisation des accords de coentreprise et la protection de la propriété intellectuelle.

M. Chan, un ingénieur chimiste qui travaillait auparavant dans le secteur pétrolier et gazier, affirme que c’est « formidable » de travailler avec une technologie qui a un impact positif sur l’environnement. « J’ai l’impression maintenant de venir à la rescousse du monde et de contribuer à en faire un meilleur endroit où vivre », explique-t-il.

Bien que l’entreprise ait déjà connu beaucoup de succès, « il y a énormément de défis à relever », affirme M. Chan, qui souligne qu’en plus du SDC, Quadrogen a reçu de l’aide de plusieurs programmes fédéraux, notamment Exportation et développement Canada, le Programme d’aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada et Technologies du développement durable Canada.

Maintenant que la première étape du projet avec Sun Power a été menée à bien, les usines de pâtes et papiers voisines ont communiqué avec Quadrogen, et les installations de Sun Power dans d’autres pays comme le Laos sont également des clients potentiels. « Quand on entend parler d’un succès, la nouvelle se répand, déclare M. Chan. Nous voyons un avenir prometteur se dessiner grâce à cette seule occasion-là. »

De  Vancouver, Canada, cette histoire est un exemple de la façon dont les délégués commerciaux situés dans plus de 160 villes du monde aident les entreprises canadiennes à réussir.

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