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Accélérateur technologique canadien

Une nouvelle façon de faire des achats sur Internet

Pour Benoît L’Archevêque, acheter en ligne devrait ressembler à une visite en magasin. Par exemple, l’ordinateur devrait rapidement reconnaître vos besoins lorsque vous les énoncez, puis vous recommander des produits qui y correspondent, sans oublier qu’il devrait vous aider à trouver le meilleur rapport qualité‑prix.

Selon M. L’Archevêque, le problème n’en est pas un de service à la clientèle, mais de mégadonnées, c’est-à-dire de s’y retrouver parmi les dizaines de millions d’articles offerts par les cyberdétaillants. C’est précisément ce que fait la plateforme de recherche « axée sur le produit » qu’a mis sur pied Azzimov Corporation, son entreprise, dont le siège social se situe à Montréal.

Avec l’aide du Service des délégués commerciaux du Canada (SDC) et de son Accélérateur technologique canadien (ATC), Azzimov a appliqué la technologie aux achats en ligne dans les deux plus grands marchés du monde, c’est-à-dire l’Inde et la Chine. L’entreprise promet de faire de même pour les applications de mégadonnées partout dans le monde.

« C’est le nouveau plan de match universel », déclare M. L’Archevêque, président, PDG et cofondateur de l’entreprise privée Azzimov, qui compte aujourd’hui 19 employés. « Je dirais humblement que nous sommes en tête. »

Fort d’une expérience de 25 ans en publicité et de compétences dans les domaines du Web et du multimédia, M. L’Archevêque a constaté il a longtemps les limites des moteurs de recherche comme Google, qui reposent en grande partie sur des appariements de formes.

« L’expérience de recherche n’a pas de sens », déclare‑t‑il. « Imaginez si Google était un commis de magasin : vous lui dites ce que vous cherchez, puis il vous donne une longue liste de résultats en vous indiquant que vous y trouverez peut-être l’article désiré, mais sans vous donner le moyen d’aller le chercher. Vous passez alors d’un site à l’autre, en espérant trouver ce que vous cherchez. »

Benoît L'Archevêque
Benoît L'Archevêque, président, PDG et cofondateur de l’entreprise Azzimov

Amazon et d’autres cyberdétaillants classent manuellement leurs produits en catégories et sous-catégories, explique‑t‑il, mais ce processus exige beaucoup de temps et d’argent, et n’offre au final qu’une légère amélioration de l’expérience d’achat. « Il est pratiquement impossible de trouver certains produits près de chez soi », indique‑t‑il.

M. L’Archevêque et son équipe ont démarré l’entreprise en 2011, en s’appuyant sur leurs connaissances en matière de sites Web transactionnels et de vente au détail. Ils visaient une technologie qui allait « reproduire en ligne l’expérience vécue en magasin, en offrant une conversation guidée avec l’utilisateur pour l’aider à trouver les solutions recherchées ».

Le résultat fut la conception de ce que M. L’Archevêque appelle un « système cognitif », qui emploie l’intelligence artificielle et des analyses prédictives afin de déconstruire dynamiquement et d’ordonner des millions de données. Il attribue un sens aux mots associés aux produits en les transformant en symboles, puis en les liant ensemble selon le contexte. L’utilisateur est ainsi guidé parmi toutes ces données, dans une expérience d’achat conviviale. « C’est Azzimov qui apprend et s’adapte à vous, et non le contraire », ajoute‑t‑il.

Après s’être classée dans les premières places des sociétés de nouvelles technologies et de recherche lors de compétitions à Silicon Valley en 2012, Azzimov a entrepris de commercialiser sa technologie. Ce travail a débuté en Chine, où l’entreprise a conçu un portail pouvant être utilisé dans des applications, comme celle pour la vente de produits alcoolisés sur China Telecom.

M. L’Archevêque souligne que la technologie fonctionne relativement bien dans toutes les langues, car elle est fondée sur une représentation des produits par symboles. Azzimov fonctionne actuellement en anglais, en français et en mandarin, et on prévoit y ajouter l’espagnol, l’allemand et le japonais, parmi d’autres langues.

En 2013, la société a été choisie pour participer à l’ATC en Inde, un programme visant à faciliter l’accès au marché indien de PME canadiennes afin qu’elles puissent y saisir les occasions d’affaires. Selon Tina Shih, une déléguée commerciale à New Delhi responsable de la collaboration Canada‑Inde en matière d’innovation et de sciences et de technologies, le programme de quatre mois donne accès à des conseillers et à des mentors chevronnés. Il permet également aux entrepreneurs de rencontrer des clients éventuels, des partenaires et des investisseurs stratégiques, en plus d’obtenir l’aide de l’équipe du SDC en Inde.

À la fin de ces quatre mois, dit‑elle, les entreprises se voient offrir des occasions d’affaires interentreprises ciblées et à court terme sur le marché, afin de les aider à poursuivre leur croissance à l’échelle internationale. Le SDC et ses partenaires locaux peuvent aussi aider les entreprises qui souhaitent prolonger leur séjour à se trouver des lieux « d’atterrissage en douceur ».

Selon Mme Shih, l’implantation d’Azzimov en Inde a été facilitée par « sa solide expérience acquise lors de l’introduction réussie de sa technologie sur un autre marché émergent », soit celui de la Chine. L’équipe d’Azzimov a en outre « tiré le maximum de sa participation à l’ACT en Inde, a‑t‑elle ajouté, assistant à toutes les séances virtuelles de préparation au marché et restant en contact avec ses mentors et collaborateurs tout en faisant preuve « d’ouverture d’esprit et d’un grand enthousiasme, ce qui a beaucoup plu aux Indiens ».

M. L’Archevêque affirme que l’Inde est un bon marché pour Azzimov : c’est un pays dont la culture ressemble à celle du Canada, mais « où tout est à construire ».

Il ajoute que le concept d’un « programme d’accélérateur » convient tout à fait à l’ATC. « Tout était rapide, efficace et pertinent. Nous avons pu rapidement trouver les bons partenaires et rencontrer les personnes clés de petites et de grandes sociétés », ajoute‑t‑il. « Ce que nous avons mis quatre ans à construire en Chine, nous avons pu l’accomplir en six mois en Inde avec l’aide de l’ATC. »

Le réseau du SDC « a été en mesure de nous faire rencontrer des cadres de haut niveau responsables des décisions », poursuit M. L’Archevêque. « Dans ces cultures, vous devez vous adresser au PDG pour maximiser vos chances. »

Il est également important d’être représenté en Inde par un service crédible comme le SDC et d’avoir une présence sur place. « Si vous n’y êtes pas, vous ne pourrez pas établir de relations. Vous devez gagner la confiance des gens, et ces derniers doivent apprendre à vous connaître et vous considérer comme un membre de la famille », fait‑il remarquer. « La communication par courriel ou par Skype peut faire l’affaire, mais les entreprises souhaitent des relations sérieuses, ce qui signifie qu’il faut y consacrer du temps. »

Grâce à un partenariat avec une société indienne, Azzimov a conçu le système Rupeesaver.com, qui réunit un large éventail de sites Web de commerce en ligne comme Amazon et Flipkart en un seul site, où les utilisateurs peuvent faire tous leurs achats. Azzimov touche une redevance sur chaque transaction. À partir de ce système, Azzimov travaille sur un deuxième projet, le premier canal vidéo d’achats en ligne, appelé Buyfy.com, dont le lancement est prévu à la fin de 2015.

M. L’Archevêque indique que le fait de participer à l’ATC en Inde a également aidé Azzimov à établir des relations avec des sociétés nord-américaines qui s’y trouvaient, et avec lesquelles elle a des expériences et des objectifs en commun.

Mme Shih affirme que les sociétés canadiennes sont innovatrices et offrent « d’excellentes solutions technologiques en réponse aux difficultés quotidiennes que posent la croissance de l’Inde et sa modernisation ». Cela dit, elle souligne qu’aucune entreprise ne peut réussir sans établir et gérer un solide réseau de contacts. « En Asie, il est particulièrement important de créer des relations et de les entretenir. On encourage les entreprises à instaurer un climat de confiance et à entretenir de bonnes relations en effectuant des visites fréquentes sur place et un suivi périodique. »

Elle explique que l’équipe de direction d’Azzimov s’est appuyée sur son expérience acquise en Chine, mais qu’elle a également « fait preuve de souplesse et d’ouverture d’esprit en adaptant son plan d’action en fonction des conditions locales ».

Les « occasions ne manquent pas pour les entreprises canadiennes désireuses de pénétrer des marchés émergents comme celui de l’Inde », souligne Mme Shih, quoique le fait de faire des affaires dans cette partie du monde comporte aussi son lot de défis. « Le Service des délégués commerciaux peut atténuer certains de ces risques en fournissant aux entreprises canadiennes des renseignements et en les aiguillant vers les bonnes personnes pour les aider à prendre des décisions éclairées quant à leur implantation sur le marché indien. »

M. L’Archevêque ajoute que le SDC continue d’aider Azzimov à réussir sur le marché indien, en visant à la fois le succès de l’entreprise et la possibilité que celle-ci aide d’autres sociétés canadiennes à vendre leurs produits dans le pays.

Le site d’Azzimov est maintenant accessible en Amérique du Nord, avec un nombre grandissant de détaillants participants. M. L’Archevêque affirme qu’Azzimov pourrait même aisément intégrer les commerçants de Shopify. L’entreprise est en train de mettre au point un système similaire à Rupee Saver pour différents pays, et vise à devenir rien de moins que la plus grande plateforme de commerce électronique du monde.

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